Philippe rouch sur le GR10

A 63 ans et en 42 jours : le défi du GR10 réussi par Philippe

Récit GR10. « À 63 ans, Philippe Rouch a relevé le défi du GR10, traversant les Pyrénées en 42 jours. Entre préparation, adaptation et volonté, il partage son expérience unique, des joies aux difficultés rencontrées sur le chemin. À travers cette interview, découvrez son aventure, ses conseils et son regard sur cette traversée mythique.. »

Eric CHAIGNEAU : Bonjour Philippe, peux-tu nous dire ton âge et d’où tu viens ?

Philippe Rouch : « Bonjour, je suis né en 1960. Originaire de l’Ariège par ma mère et ariégeois-catalan du côté de mon père, dont les racines se trouvent à Mirepoix, où mes parents se sont rencontrés et mariés.
Fils de militaire, j’ai grandi au rythme des mutations, principalement à l’étranger. L’Ariège était pour moi un refuge, le lieu de retour vers ma famille après chaque déracinement.. »

Quel est ton parcours sportif avant le GR10 ? Avais-tu déjà une expérience en grande itinérance ?

J’ai pratiqué le rugby dans ma jeunesse, puis, engagé dans l’armée, j’ai choisi les troupes coloniales parachutistes, où j’ai effectué une longue carrière jusqu’en 2012. Par la suite, j’ai travaillé dix ans en Afrique dans le fret maritime pour une société belge.

Le sport a toujours fait partie de ma vie : semi-marathons, triathlons, et quatre années passées à l’île de la Réunion, où j’ai exploré les cirques et terminé la Diagonale des Fous en 29 heures en 1997. J’ai également suivi de nombreux stages en montagne et, bien que moins assidu aujourd’hui, je continue à entretenir une activité sportive régulière. Non-fumeur, j’apprécie néanmoins l’apéritif et une bonne bouteille de vin.

Pourquoi as-tu choisi le GR10 pour cette aventure et non un autre itinéraire comme la HRP ou le GR11 ?

Installé dans les Pyrénées-Orientales depuis trois ans et demi, j’avais envie de mieux connaître cette chaîne de montagnes qui est le berceau de mes racines familiales. Chaque jour, depuis ma cuisine, j’admire le mont Canigou et les Albères, qui semblaient m’appeler. C’était un défi personnel : prouver que je pouvais accomplir cette traversée avec peu de moyens, sortir de ma zone de confort, prendre du recul et vivre une véritable immersion dans la nature, en quête d’introspection et de minimalisme.

Je n’ai pas choisi la HRP, car elle exige une solide expérience de la haute montagne en solo, ce qui n’est pas mon cas. Quant au GR11, bien que j’en aie parcouru quelques sections, mon objectif était de traverser la partie française et de découvrir tous les sites emblématiques des Pyrénées.

Préparation & Objectifs

As-tu suivi une préparation spécifique pour ce défi ou ton passé militaire t’a-t-il suffi ?

Je n’ai pas suivi de préparation spécifique, mais les six mois précédant le départ, j’ai intensifié mes séances de sport. Je faisais cinq entraînements par semaine : cardio-training, course sur tapis et musculation dynamique sur l’ensemble des groupes musculaires.

En mars et avril, mon épouse et moi avons passé un mois et demi en Martinique, où nous avons exploré l’île à pied et parcouru une grande partie des randonnées possibles, y compris l’ascension de la montagne Pelée.

Sur le plan mental, je me suis préparé en consultant le site du GR10 et les retours d’expérience d’autres randonneurs. J’ai visionné plusieurs vidéos du parcours pour en mémoriser les étapes et m’imprégner des défis à venir. Avec 22 ans d’expérience en unité de combat, j’ai toujours été habitué aux sorties terrain et aux efforts prolongés. De plus, mon épouse et moi avons l’habitude de voyager en autonomie avec notre 4×4, souvent en bivouac ou en camping, ce qui m’a aidé à me préparer à la vie en itinérance.

Tu es parti sur un rythme très soutenu, avais-tu un objectif de temps précis avant de partir ?

Mon objectif initial était de réaliser la traversée en 45 à 50 jours, sans vraiment savoir comment mon corps allait tenir sur la durée. À mon âge, on doit composer avec quelques fragilités : des genoux parfois capricieux et une tendance aux entorses de cheville.

J’avais estimé qu’une moyenne de 20 km par jour était un rythme raisonnable et soutenable, tout en restant à l’écoute de mon corps et de mes envies. Ce choix laissait certes moins de place à la contemplation, mais mon objectif principal était de réaliser la traversée en une seule fois.

Finalement, au fil des jours, j’ai progressivement gagné du temps sur mon planning, grappillant une à deux étapes sur chaque grand tronçon. Au final, j’ai bouclé le GR10 en 38 jours de marche sur un total de 42 jours, une performance au-delà de mes attentes.

Quelles ont été les principales adaptations physiques et mentales nécessaires par rapport à tes expériences passées ?

Je savais que les 100 premiers kilomètres seraient les plus difficiles, et cela s’est confirmé. Mais je comptais sur la mémoire musculaire pour m’aider à m’adapter rapidement à l’effort.

Mentalement, j’ai utilisé une forme de sophrologie personnelle, me répétant : « Je peux le faire, je suis capable de le faire. » Même si l’on entreprend ce genre d’aventure avant tout pour soi, j’avais aussi en tête de ne pas décevoir mes proches, notamment mes fils.

Je me suis rappelé les épreuves que j’ai traversées dans ma vie, que ce soit dans le sport ou ailleurs, et comment j’ai toujours trouvé des solutions aux problèmes. Dans les moments de doute, je me posais une question simple : « Si ta vie en dépendait, est-ce que tu y arriverais ou est-ce que tu abandonnerais ? »

L’échec n’était pas une option. Ce qui me motivait, c’était la réussite, la satisfaction d’atteindre mon objectif. Chaque pas me rapprochait du plaisir ultime : frapper la plaque de Banyuls-sur-Mer et savourer cette descente finale comme une véritable consécration.

Expérience sur le terrain

Quel était ton quotidien sur le GR10 ? Heures de départ et d’arrivée, pauses, organisation des journées, temps de marche…

En été, les journées sont longues, et j’en profitais au maximum. Mon réveil sonnait à 5h30, et je prenais la route vers 6h30, après un petit-déjeuner rapide en fonction de ce que j’avais dans mon sac.

Je me fixais un objectif de 20 à 25 km par jour, avec un premier arrêt après 2h30 à 3h de marche. Le déjeuner se faisait en milieu d’étape, généralement sous forme de casse-croûte rapide. J’arrêtais ma journée entre 16h00 et 17h30, en fonction du terrain et de mon état de fatigue.

À l’arrivée, l’eau était ma priorité : toilette, soin des pieds, lavage et séchage des vêtements. Avant de dormir, j’appliquais du baume du tigre sur mes jambes pour favoriser la circulation sanguine et limiter les courbatures.

Le soir, dans ma tente, j’étudiais l’itinéraire du lendemain grâce à mon topo-guide et mes fiches. J’ai parfois partagé des étapes avec d’autres randonneurs, mais je marchais chaque jour en solitaire, préférant partir tôt alors que beaucoup quittaient le bivouac plus tard.

Arriver tôt à l’étape était un choix stratégique : cela me permettait de bien récupérer et d’éviter l’accumulation de fatigue. Être seul me donnait aussi une grande liberté de gestion : je pouvais décider quand m’arrêter, boire un café dans un refuge, faire quelques courses ou simplement profiter du moment.

Quel était le poids de ton sac et quel matériel as-tu emporté pour rester léger mais efficace ?

Au départ, j’ai fait l’erreur de partir avec un mauvais sac, qui a cassé avant Saint-Jean-Pied-de-Port. À Bidarray, mon épouse m’a apporté un autre sac, mais de 90 litres, bien trop grand. Un sac de 70 à 80 litres aurait suffi. Au début, mon sac pesait 17 kg, malgré une sélection rigoureuse de mon matériel. Je n’avais pas assez testé son portage, ce qui m’a causé des douleurs.

Je n’avais pas l’habitude des bâtons de marche, ce qui m’a valu une tendinite à l’épaule en raison du déséquilibre. Mais sur la durée, les bâtons se sont révélés une aide précieuse.

Après 100 km, j’ai pu réajuster mon équipement grâce à un rendez-vous avec mon épouse à Saint-Jean-Pied-de-Port. J’ai réussi à alléger mon sac autour de 13-14 kg, ce qui me semble difficile à réduire davantage en autonomie.

Mon équipement :
– Vêtements : 2 shorts, 1 pantalon de marche, 3 paires de chaussettes (toujours une sèche), 3 slips, 3 tee-shirts, 1 veste manche longue, 1 Gore-Tex, 1 doudoune.
– Couchage : duvet 8°C (insuffisant, un 0°C aurait été mieux), matelas gonflable, tente ultra-légère (980 g).
– Cuisine : réchaud à gaz, gamelle, couverts.
– Hygiène : savon de Marseille, brosse à dents, serviette microfibre.
– Trousse de santé : pansements, élastoplast, crème pour échauffements.
– Divers : gants, chapeau, tour de cou, 1 sifflet, 3 mousquetons.
Ravitaillement : 2 à 3 jours de nourriture, lyophilisés principalement pour l’Ariège.
– Eau : 1,5 L + gourde de 0,5 L à portée de main + 1 L dans le sac (je n’ai jamais eu de souci d’approvisionnement).
– Papiers : carte d’identité, carte bancaire, chèque.

Leçons retenues :
Tester son sac avant de partir et choisir un modèle adapté à sa morphologie.
Privilégier les chaussures basses : plus légères, elles sèchent plus vite, mais il faut les prendre une pointure au-dessus. Mes chaussures étaient mortes à l’arrivée.
Si possible, prévoir un ravitaillement à 100 km pour ajuster le matériel et alléger le sac. Un bon massage à mi-parcours ne fait pas de mal non plus !

As-tu privilégié le bivouac ou les gîtes/refuges ? Pourquoi ce choix ?

J’ai privilégié le bivouac, puisque porter une tente impliquait de l’utiliser autant que possible. Ce choix correspondait à ma volonté de partir en mode minimaliste, mais aussi à une question économique : 40 jours en gîtes et refuges représentent un coût important.

Le bivouac m’offrait plus de liberté, me permettant de m’arrêter où et quand je le voulais, sans contrainte d’horaires pour les repas ou l’hébergement. Au total, j’ai fait 28 bivouacs, certains en campings municipaux, 4 nuits en cabane et 6 nuits en gîte.

Cela dit, les gîtes ont été un vrai plaisir, surtout après des journées difficiles sous une pluie battante. Ils me permettaient de mieux récupérer, de faire sécher mon matériel et de partager des moments conviviaux avec d’autres randonneurs. J’ai préféré les petits gîtes aux grands refuges, où je ne faisais souvent que dîner avant de bivouaquer à proximité.

Quelles ont été tes plus grosses difficultés sur le terrain (fatigue, météo, alimentation…) ?

La météo a été l’un des principaux défis. Avec le recul, en regardant mes photos et vidéos, j’ai réalisé à quel point j’avais pris beaucoup de pluie. Sur le moment, je l’ai bien vécu, mais cela a eu un impact sur l’expérience : sentiers boueux et glissants, paysages souvent masqués et surtout les pieds trempés 80 % du temps. Par contre, je n’ai jamais souffert de la chaleur ni du manque d’eau, un élément clé pour éviter la fatigue musculaire.

Côté blessures, en plus d’une tendinite à l’épaule causée par le port du sac, j’ai subi en fin de parcours une grosse entorse à la cheville gauche. Après 750 km de marche, la peur de ne pas finir m’a envahi et j’en ai pleuré. Mais je me suis vite repris et j’ai géré la blessure pour avancer jusqu’à Banyuls.

L’alimentation, quant à elle, n’a pas posé de problème majeur grâce aux nombreux points de ravitaillement. Anticiper est essentiel : il ne faut pas hésiter à porter un ou deux repas supplémentaires, car bien manger le soir favorise la récupération.

Enfin, pour la fatigue, j’ai remarqué que plus on marche, mieux on se sent. L’adrénaline et l’adaptation du corps jouent un rôle clé. La perte de poids (10 kg sur toute la traversée) a aussi facilité les étapes au fil des jours. Si la tête tient, le corps suit.

Quel a été ton plus gros moment de doute et comment l’as-tu surmonté ?

Avec du recul, je n’ai jamais eu l’idée d’abandonner, pas une seule fois. Le doute ne s’est jamais réellement installé, car chaque source de motivation me poussait à avancer.

Voir des jeunes filles seules se lancer dans ce défi avec détermination me donnait de la force. Les rencontres sur le chemin, les messages de soutien de ma famille et de mes amis, via un groupe WhatsApp, m’ont beaucoup aidé à garder le cap. Chaque palier symbolique de 100 km franchi me donnait un sentiment de fierté et renforçait ma motivation.

Ironiquement, le plus dur a été de terminer. À la fin du parcours, j’étais presque triste que ce rythme s’arrête. Mon épouse m’a même dit qu’il m’a fallu deux mois pour vraiment redescendre de ma montagne.

Comment as-tu géré ton rythme pour tenir 40 jours sans épuisement ?

J’ai adopté une approche flexible en écoutant mon corps. Si je ressentais le besoin de ralentir ou de marcher moins de 20 km, je m’accordais cette pause. Je choisissais mes lieux d’arrivée près d’une source, d’un camping ou d’une cabane pour assurer un minimum de confort et d’hygiène, essentielle pour éviter les infections et les ampoules.

Je traitais immédiatement tout échauffement ou douleur grâce à un kit de soin contenant strapp, pansements, Bétadine et crème anti-frottements.

Côté alimentation, un repas chaud le soir était primordial. J’optai pour de la semoule individuelle, cuite dans un potage et agrémentée de thon, chorizo ou jambon pour un bon équilibre énergétique. En dessert, une barre chocolatée, un gâteau ou un fruit complétait l’apport.

Enfin, je planifiais chaque soir mon itinéraire du lendemain en consultant le topo-guide, avant une nuit de récupération de 21h00 à 5h30. Régularité, prévention et adaptation ont été les clés pour tenir sur la durée.

Y a-t-il eu des moments où tu as dû ralentir à cause d’une blessure ou d’un coup de fatigue ?

Oui, j’avais prévu quatre arrêts stratégiques pour récupérer et bien manger :

Saint-Jean-Pied-de-Port : indispensable après les 100 premiers kilomètres, qui servent de réglage.

Arrens-Marsous : initialement prévu pour 2 nuits, mais je suis reparti dès 13h le lendemain.
Bagnères-de-Luchon : pause de 2 jours, où ma femme m’a rejoint.

Mérens-les-Vals : 2 nuits en gîte pour récupérer avant la dernière partie du parcours.
Ma principale blessure a été une entorse aux Bouillouses. J’ai dû passer par Mont-Louis pour acheter du strapp et une pommade, puis j’ai ralenti pendant 2 à 3 étapes. J’ai pris un repos au refuge de la Carança, le temps de faire dégonfler ma cheville, avant de reprendre progressivement mon rythme. Sur cette section, j’ai marché avec un couple de randonneurs qui m’ont aidé à rester motivé.

La météo a-t-elle eu un impact sur ta progression ? As-tu rencontré des conditions extrêmes ?

Oui, la météo a fortement influencé mon itinéraire, m’obligeant à modifier mon parcours à plusieurs reprises.

Mon premier regret concerne le col d’Hourquette d’Arre, déconseillé à mon arrivée à Gabas. J’ai tenté un passage par le lac de Fabrèges, puis une piste mal balisée vers Arrens-Marsous, mais après trois heures de marche, j’ai dû rebrousser chemin devant un col infranchissable. J’ai chuté dans un névé creux, cassant mon bâton et m’égratignant, réalisant que cette erreur aurait pu mettre fin à mon aventure. J’ai alors pris le dernier train et rejoint Gourette via Eaux-Bonnes, décidant de ne plus quitter le GR10.

Mon deuxième regret est Gavarnie, inaccessible en raison d’une vigilance orange. Le col d’Hourquette d’Ossoue nécessitait un équipement spécifique, donc j’ai dû opter pour la variante vers Luz-Saint-Sauveur.

Ces deux cols manqués restent une frustration, mais la sécurité passait avant tout.

Quel a été le plus gros challenge physique ou mental de cette traversée selon toi ?

Le plus grand défi a été la section entre Gabas et Saint-Sauveur, où la météo était exécrable. L’incertitude sur les passages praticables et la lenteur du progrès ont été mentalement éprouvantes. J’avais l’impression de ne plus avancer, ce qui m’a poussé à choisir la variante vers Luz-Saint-Sauveur plutôt que de tenter Gavarnie sous une météo catastrophique et sans équipement spécifique, ayant décidé de faire toute la traversée en short.

L’arrivée à Arrens-Marsous m’a aussi paru interminable. J’ai écourté mon arrêt prévu, convaincu d’avoir pris du retard, bien que ce ne soit qu’une impression mentale.

Marcher seul présente aussi des défis : louper un balisage en étant perdu dans ses pensées arrive vite. C’est pourquoi j’encourage l’utilisation d’une application GPS pour se recaler facilement en cas d’erreur.

Quel est ton plus beau souvenir sur le GR10 ? Et le pire ?

J’ai vécu de nombreux moments inoubliables, mais si je devais en choisir un, ce serait le passage du col d’Ilhéou jusqu’au lac d’Oule. Ce jour-là, la météo était parfaite et les paysages étaient dignes d’une carte postale. J’ai aussi particulièrement apprécié la section des granges d’Astau jusqu’à Bagnères-de-Luchon.

Mon pire souvenir reste ma chute après Gabas et surtout mon entorse au lac des Bouillouses, à seulement 150 km de l’arrivée, dans une région que je connais bien. J’ai cru que mon aventure allait s’arrêter là. La frustration et la déception étaient immenses, j’en ai pleuré, redoutant que la blessure m’empêche d’aller au bout.

As-tu fait des rencontres marquantes en chemin ?

Oui, j’ai fait de belles rencontres, qui ont marqué mon aventure. Léa et Jean-Michel ont été des compagnons de route pendant une semaine, le temps de redonner confiance à Léa, qui traversait une période de doute.

J’ai aussi croisé Ernest et Sarah, un couple d’une énergie incroyable, toujours de bonne humeur, avec une vraie joie de vivre communicative.

Enfin, après mon entorse, j’ai rencontré Alexis, un Canadien, qui m’a accompagné durant trois jours, les plus difficiles après ma blessure. Son soutien a été un vrai réconfort moral.

Et bien sûr, il y a eu tous ces échanges éphémères dans des cabanes, gîtes ou refuges, des amitiés d’un soir, mais qui font aussi le charme du GR10.

Y a-t-il une section du GR10 qui t’a particulièrement impressionné ou marqué ?

Chaque section du GR10 est unique, mais certaines m’ont particulièrement marqué.

Le Pays Basque, souvent perçu comme facile, est en réalité un début exigeant, avec une grande diversité de paysages, entre crêtes panoramiques, hauts cols et lacs.

L’Ariège, avec son aspect sauvage et peu peuplé, m’a aussi profondément impressionné. La cabane de Courtal, véritable « arche de Noé », entourée de chevaux et de vaches sur un plateau isolé, reste un moment fort de mon périple.

Enfin, j’ai été surpris par l’accueil chaleureux du gîte de Rouze d’en Bas, tenu par deux Hollandais, où le pain, le fromage et la charcuterie sont faits sur place. Partir le matin avec du pain chaud après une nuit reposante, c’est aussi ça, la magie du GR10 !

Si c’était à refaire, changerais-tu quelque chose dans ton approche ?

Oui, quelques ajustements me permettraient d’améliorer l’expérience :

– Mieux choisir mon matériel dès le départ : une tente ultra-légère (980 g chez Décathlon) et un sac plus petit et plus léger.
– Partir avec des chaussures neuves bien rodées pour éviter l’usure prématurée.
– M’entraîner avec des bâtons de marche avant le départ. Cela m’aurait sans doute évité la tendinite à l’épaule et l’inconfort du début.
– Acheter directement des bâtons de qualité, car j’ai dû les changer en cours de route.
– Peut-être partir plus tard dans la saison, pour profiter d’une météo plus clémente et mieux apprécier les paysages, même si cela aurait signifié croiser plus de monde.

Mais dans l’ensemble, cette traversée a été une expérience exceptionnelle, que je referais sans hésiter !

Quels conseils donnerais-tu à un randonneur de plus de 60 ans souhaitant se lancer dans un GR10 en mode sportif ?

  • Avoir une bonne condition physique, sans être un athlète. Un bilan médical avant le départ est recommandé, car l’effort prolongé peut être éprouvant pour le cœur, surtout pour une traversée en moins de 50 jours.
  • Éviter le tabac au moins pendant la préparation et maintenir une activité physique régulière toute l’année avant le départ, en augmentant progressivement l’intensité.
  • S’habituer au bivouac avec au moins deux sorties test : une de 2 jours pour se familiariser avec le matériel et une de 4-5 jours en autonomie pour ajuster l’organisation, la gestion du sac, de la nourriture et de l’orientation.
  • Ne pas se sous-estimer : j’ai croisé des personnes avec peu d’expérience qui ont réussi. La préparation mentale est essentielle : il faut être prêt à affronter fatigue, froid, pluie, isolement, et savoir gérer ses ressources (eau, nourriture, énergie).
  • S’adapter et relativiser : marcher sous la pluie, repartir avec des chaussures mouillées, affronter le vent et le froid, tout cela fait partie de l’expérience.

En résumé, vivre 40 jours comme un homme préhistorique : marcher, manger, boire, dormir… et recommencer !

Selon toi, quel est le profil idéal pour tenter le GR10 en 40 jours ?

Le profil idéal est une personne habituée à l’effort, qui pratique une activité physique régulière sans forcément viser la performance. Le mental est clé : il faut aimer le dépassement de soi, avoir un moral solide, apprécier la nature et être capable de gérer la solitude comme la convivialité.

La rusticité et la simplicité sont aussi des atouts : accepter l’inconfort, l’humidité, la fatigue et les imprévus fait partie de l’expérience. Même avec un léger surpoids, c’est réalisable avec une bonne préparation.

Enfin, il faut garder à l’esprit que marcher 20 km par jour avec du dénivelé est exigeant : cela use les pieds, fatigue le corps, mais c’est une bonne fatigue, qui devient plus supportable avec l’habitude et la préparation en amont.

As-tu déjà un autre projet d’itinérance en tête après cette aventure ?

Oui, j’ai déjà deux nouveaux projets en tête.

Cette année, en juin, je prévois de parcourir le chemin des Bonshommes (GR107), un itinéraire chargé d’histoire entre la France et l’Espagne.

L’année prochaine, mon objectif est de réaliser la traversée entre Cauterets et Luz-Saint-Sauveur, en passant par le cirque de Gavarnie, un lieu emblématique que je n’ai pas pu voir sur le GR10 à cause des conditions météo.

L’aventure continue !

Partie 1 
Philippe, Ariégeois aux racines catalanes, part à 63 ans à l’assaut du mythique GR10, d’Hendaye jusqu’à Gabas. De ses premières foulées en Pays Basque, entre crêtes verdoyantes et météo capricieuse, jusqu’aux premières difficultés du Béarn, découvre comment cet ancien parachutiste a relevé le défi physique et mental d’une vie. Plonge dans les premiers pas d’une aventure où introspection et défi personnel se conjuguent au rythme d’une marche minimaliste et authentique.

Partie 2
Dans cette seconde partie de sa traversée du GR10, Philippe poursuit son aventure à travers les Hautes-Pyrénées jusqu’à Bagnères-de-Luchon. Entre sommets emblématiques et cols exigeants, il partage son quotidien : rythme soutenu, organisation minutieuse et bivouacs minimalistes. Une immersion authentique dans le quotidien d’un marcheur solitaire déterminé à dépasser ses limites.


Partie 3
La traversée du GR10 continue. De Bagnères-de-Luchon à Courtal Marty, Philippe avance malgré les difficultés croissantes, entre météo instable, entorse à la cheville et solitude. Des paysages à couper le souffle de l’Ariège jusqu’aux rencontres marquantes sur le chemin, découvre comment Philippe s’adapte, se motive et garde le cap malgré les obstacles.

Partie 4
Dans cette ultime étape du GR10, Philippe traverse les Pyrénées-Orientales jusqu’à la Méditerranée. Entre blessure à la cheville, défis météo et émotions intenses, il atteint enfin Banyuls-sur-Mer après 38 jours de marche. Découvre ses conseils précieux sur l’équipement, la gestion de l’effort et la préparation mentale, pour réussir, comme lui, cette traversée inoubliable.

Point info

Pour toutes questions relatives aux dossiers de préparation, n’hésitez-pas à contacter :
Eric CHAIGNEAU
animateur bénévole des Amis GRdistes.
assogr10@gmail.com
tel 06 83 61 48 49