Transpyrénéa la désillusion des bénévoles exclus entre colère et incompréhension

Témoignage de JP et Brunhilde Pipart

Transpyrénéa : Chronique d’un bénévolat sacrifié

Le récit de JP et Brunhilde Pipart, surnommés « les Belges », bénévoles et secouristes, face à une organisation défaillante.

Témoignage JP et Brunhilde Pipart, Bénévoles des éditions 2023 et 2025. Responsables de CP et très très appréciés des participants pour leur dévouement et leurs bons petits plats.

Surnommés « les Belges », ma compagne Brunhilde et moi, JP, avons participé à l’intégralité des deux éditions de la Transpyrénéa en 2023 et 2025. Forts d’une longue expérience du bénévolat et de notre formation de secouristes-ambulanciers, nous avons toujours eu à cœur d’aider les coureurs et d’avoir la satisfaction de leur offrir les meilleures conditions possibles.

À travers ce témoignage, nous souhaitons mettre en lumière le manque flagrant d’organisation de cet évènement, qui a trop souvent contraint les bénévoles à rattraper les défaillances pour éviter que la course ne bascule dans le chaos.

Visio-conférence de préparation – Une réunion interminable et stérile

En 2023, je n’avais pas participé aux réunions préparatoires. En 2025, j’ai décidé d’y assister et j’ai vite compris ma surprise : incohérence des présentations, absence totale de ligne directrice, perte de temps, répétitions interminables. La réunion, prévue de 19h30 à 23h00, s’est résumée à un long monologue centré sur l’organisateur. Au final, rien de concret : seulement la confirmation d’un manque flagrant de clarté dans l’organisation.

Au départ de la course au Perthus – L’accueil inexistant

Après 1200 km et plus de 11 heures de route, nous arrivons enfin au Perthus. Mais pas de contact, pas même un bonjour. Les cadeaux et dotations sont distribués à la tête du client : pas de tasse, pas de t-shirt en grande taille pour les hommes, et si tu ne réclames pas, tu n’as rien. Les inégalités entre bénévoles sont flagrantes. Ayant participé à l’intégralité de l’édition 2023, nous nous sommes immédiatement sentis « mis de côté ».

Briefing avant course – Entre longueurs et contradictions

Habitués à de nombreux briefings d’avant-course, nous pensions savoir à quoi nous attendre. Celui du Perthus, en 2025, fut pourtant particulièrement pénible : interminable, truffé de redites, d’allusions confuses et même de moqueries envers certains bénévoles.
Cyril Fondeville a répété avec insistance que la Transpyrénéa n’était pas un trail : pas de classement, pas de barrière horaire, pas de limite de temps. Il a également insisté sur l’importance de se reposer, de dormir et de bien se nourrir… Un discours pour le moins décalé, lorsqu’un peu plus tard il affirmera : « Pour avancer, les coureurs doivent crever de faim et dormir très peu ».

Départ – Un lancement chaotique et indigne

La cérémonie de départ fut un véritable désastre. Jusqu’à la dernière minute, rien n’était prêt : pas de musique, une sonorisation défaillante, des drapeaux absents pour plusieurs nationalités. Le comble fut de voir certains coureurs étrangers contraints de porter des drapeaux qui n’étaient même pas ceux de leur pays. Une scène triste et indigne pour une épreuve censée être internationale.

Logistique matérielle – Le poids de l’improvisation

Dès le départ du Perthus, le chaos logistique était évident : aucune répartition claire des rôles, aucune anticipation. Le matériel et la nourriture s’entassaient dans des caisses lourdes et encombrantes, impossibles à transporter dans un simple véhicule particulier. Une organisation déjà à bout de souffle avant même que la course ne commence.

Nourriture de l’organisation – La monotonie dans l’assiette

Dans tous les CP, le constat fut le même : une nourriture uniforme, sans aucune variété. Pâtes, riz et conserves en boucle, servis sans imagination ni adaptation. Rapidement, un grand nombre de coureurs nous ont fait part de leur mécontentement, dénonçant cette monotonie alimentaire qui ne répondait ni à leurs besoins, ni à leurs attentes.

Dotation CP – Un budget dérisoire et des bénévoles mis à contribution

Pour l’ouverture de trois CP, plus un quatrième en urgence (CP11), nous n’avons reçu que 400 €. Une somme dérisoire face aux besoins réels. Certes, on peut considérer cela comme une base, mais il est évident qu’un tel budget ne suffit pas — et Cyril Fondeville ne peut pas l’ignorer. Pourquoi ne pas donner davantage, sinon parce qu’il compte sur les bénévoles pour combler les manques avec leurs propres moyens ? Par respect pour les coureurs, nous avons dû acheter des produits frais sur nos fonds personnels, sans garantie d’être remboursés.

CP10 Guzet Neige – Soins improvisés et désorganisation totale

À cause de la désorganisation générale, nous sommes arrivés la veille au chalet, loué par Cyril Fondeville. Le propriétaire, mécontent de cette intrusion prématurée, l’a fait savoir directement à l’organisateur. Nous avons tout de même dû nous justifier — alors qu’il n’appartient pas aux bénévoles de porter la responsabilité d’une telle erreur.

Arriver la veille peut représenter une économie pour l’organisation, mais c’est un désagrément considérable pour le responsable du CP.

Autre conséquence : ni podologue ni secouristes n’étaient présents. Nous avons donc dû, en tant que secouristes-ambulanciers, prodiguer nous-mêmes les soins aux coureurs, avec notre propre trousse de secours financée sur nos fonds personnels. Rien n’était prévu à ce stade : les coureurs ont simplement eu la chance que nous soyons là.

À peine installés, Cyril nous a séparés : l’un envoyé au CP11 (Domaine d’Aunac) pour improviser un ravitaillement de fortune, l’autre resté au CP10 pour accueillir un flot croissant de coureurs et de bénévoles (10 personnes). Une nouvelle démonstration d’improvisation et d’absence d’anticipation.

Avec seulement 400 € de dotation initiale, nous avons dû puiser dans les stocks, puis compléter au village avant même l’arrivée du camion logistique. Ce n’est qu’après coup que Cyril nous a accordé, « dans sa grande générosité », 200 € supplémentaires.

CP10 Guzet – La crise éclate

Après 22 heures d’activité quasi ininterrompue, nous étions dix bénévoles à table et avons simplement demandé à nous reposer deux heures. À 2 h du matin, Cyril Fondeville, constatant que son fils tenait seul le CP, est venu nous reprocher cette pause. Avec autant de bénévoles disponibles et une telle absence de coordination, chacun improvisait « au doigt mouillé », au détriment de bénévoles déjà épuisés.

En Ariège, nous n’avions pas d’autorisation officielle pour baliser. Mais le CP étant situé à 500 m du parcours, il a fallu poser cinq flèches. Pierre Lemaréchal, bénévole fidèle, a pris l’initiative de compléter ce balisage. Résultat : il s’est fait publiquement engueuler et contraint d’enlever son travail. Sans surprise, plusieurs concurrents ont alors manqué le CP.

J’ai également été témoin d’une scène particulièrement choquante : Cyril a humilié un concurrent qui avait simplement passé la nuit avec sa femme à l’hôtel du CP11 avant de reprendre la course. Il lui a lancé, sans gêne : « Tu n’es pas ici pour baiser ». Une phrase d’une grossièreté et d’un mépris inacceptables.

CP22 Kaskoletta – Isolement et contradictions hiérarchiques

En raison de la rapidité des premiers coureurs, nous sommes arrivés à Kaskoletta avec une journée d’avance. Pour préparer leur accueil correctement, nous avons dû acheter de quoi proposer du frais — encore une fois sur nos fonds propres. Mais la mauvaise fiabilité des trackers rendait toute anticipation impossible : il était tout simplement irréalisable d’estimer l’heure d’arrivée des participants.

Durant toute cette période, Cyril Fondeville a cessé de nous contacter. Nous étions livrés à nous-mêmes, isolés. Lors de la fermeture du CP22, il nous a ensuite reproché de ne pas avoir informé le PC Course… alors que c’est Xavier, le directeur de course, qui avait lui-même pris la décision. La réponse de Cyril fut cinglante : « Xavier n’est pas le PC Course, le directeur de course n’a rien à dire ».

Finish Line Hendaye – Le choix de ne pas subir davantage

Vu l’ambiance tendue et la désorganisation régnant sur la ligne d’arrivée, sans aucune clôture prévue entre bénévoles, et la mise à l’écart de Marc, nous avons décidé de ne pas nous rendre à Hendaye. Trop, c’était trop.

En conclusion

Quoi qu’on puisse nous reprocher, nous avons toujours eu à cœur d’offrir aux coureurs un accueil chaleureux, ainsi qu’à leurs accompagnants, dans la mesure du possible. Du premier au dernier, chacun a bénéficié d’un ravitaillement digne de ce nom. Avant chaque départ, nous avons pris le temps de rappeler aux participants les zones de danger, les difficultés de ravitaillement et les précautions à prendre. En l’absence de podologues et de secouristes, nous avons prodigué nous-mêmes un maximum de soins, avec notre propre matériel.
Nous espérons que tous les coureurs nous ont apprécié et qu’ils garderont un bon souvenir de leur passages dans « nos » CP.


JP et Brunhilde Pipart le 15 novembre 2025

Point info

Pour toutes questions relatives aux dossiers de préparation, n’hésitez-pas à contacter :
Eric CHAIGNEAU
animateur bénévole des Amis GRdistes.
assogr10@gmail.com
tel 06 83 61 48 49