Arnaud Lessoult, une traversée en 45 jours
A 31 ans, Arnaud Lessoult réalise une belle traversée. A travers ce dossier de récit GR10, Arnaud souhaite partager avec vous quelques aspects de son aventure. N’hésitez-pas à le contacter si vous avez des questions à lui poser.
Si vous souhaitez contacter Arnaud pour en savoir plus, contactez-le à son adresse mail a.lessoult@gmail.com
Qui je suis et pourquoi un tel projet
Je m’appelle Arnaud, j’ai 31 ans et j’ai effectué le GR10 dans sa totalité du 15/08/2017 au 28/09/2017.
Je pratique des activités liées à la montagne toute l’année : Randonnée, snowboard de rando, trail-running, Bivouac (c’est une activité à part entière !).
De février 2016 à avril 2017, je suis parti vivre en Nouvelle Zélande où je me suis forgé une bonne condition physique grâce à une bonne perte de poids (env. 25kg !). L’idée de cette traversée a germé là-bas. En effet, comme tout bon toulousain qui pratique la montagne, les Pyrénées sont mon terrain de jeu. Naturellement l’envie de l’explorer de manière prolongée semblait être une évidence. J’ai donc eu envie de tenter ce pèlerinage, le GR 10.
Mon retour en France coïncidait bien avec cela. J’ai repoussé la reprise de mon activité professionnelle au mois de novembre afin de pouvoir effectuer mon « pèlerinage ».
Ma préparation
A mon retour en France en avril 2017, je n’avais jamais fait de rando sur plusieurs jours. J’ai donc du aller à la pêche aux informations autour de moi et surtout sur le net avec divers site comme gr10.fr !
Niveau physique, je commençais à cette époque a pas mal courir et a faire des randos de plus en plus longues et difficiles. Je faisais même des randos à la journée avec un sac chargé à 15kgs pour m’entraîner.
Je me suis donc fixé un objectif en guise préparation, et pas un petit, le GR 20 en juin 2017 (180kms – 11 000mD+). Cela m’a permis de me tester sur 2 semaines en autonomie avec un sac similaire à celui du GR10. Aussi, vu la fréquentation du GR20, j’ai pu échanger avec beaucoup de monde sur la rando en autonomie. J’ai ainsi engrangé pas mal d’astuces et autres informations. Le top pour se préparer au GR10.
Mon matériel
Je souhaitais être autonome, donc cela signifie de quoi dormir et cuisiner, donc du poids !
Pour des raisons de confort, j’ai opté pour une tente et pas un « Tarp ». Pour moi soit je dors à l’abri de la pluie et des bestioles soit je dors à la belle étoile, pas de demie mesure. Ma tente faisant 1.8kgs c’était jouable. J’ai opté pour une 2 places afin d’avoir de l’espace pour me retourner un peu à l’intérieur (sac + pour manger les jours de pluie…). La différence de poids entre 1 et 2 places n’était pas significative pour moi.
Pour le reste du matériel je peux communiquer mon tableau Excel avec tout ce que j’ai pris et leur poids unitaire. J’ai tout pesé à la balance de cuisine !
Hors nourriture et eau j’avais un total de 16kg. Je sais que certains vont bondir, mais ça s’est finalement très bien passé ! Avec un bon sac, le FjallRaven Kajka 65L (3.3kgs à lui seul…), on ne sent plus le poids après 2/3 jours (Véridique !). Et pour une traversée de plusieurs semaines, je trouve bien d’amener un peu de confort et d’occupation. Etaient donc de la partie : coussin gonflable, mots fléchés, liseuse, écouteurs, matériel vidéo (et tout le bazar qui va avec et non négligeable en terme de poids).
Mon plan de "route" et découpage
En bon organisateur que je suis, trop d’après certains amis, j’avais planifié les étapes journalières. Mon planning initial était de 53 jours dont 5 de repos. Mes étapes ont été faites en tenant compte de mes aptitudes physiques (j’ai été prudent, pour pas me mettre dans le rouge). J’ai également repéré des lieux de ravitaillement possible et ce afin de ne pas à avoir à trop charger en nourriture. J’en avais toujours trop… Prudence quand tu nous tiens !…
Au final j’ai bouclé la traversée en 45 jours dont 2 de repos, un volontaire à Luchon (Mi-parcours) et un en Cerdagne (Digestion compliquée…).
Mes étapes initiales ont été une bonne base, mais je les ai adaptées au jour le jour. En fonction de la météo (le premier facteur à prendre en compte), de la fatigue (qui n’a jamais été un souci à part en Cerdagne quand je ne gardais aucune force) et de mon niveau de ravitaillement, j’ai adapté mon évolution.
Pour l’orientation, j’ai utilisé les 4 topoguides de la Fédé et le site GR10.fr. Les topos sont bien car plutôt complets sur le tracé et comportent les extraits des carte IGN.
Le site GR10.fr est une mine d’info pour la préparation, surtout pour la liste des lieux de bivouac. J’en avais une capture écran dans mon téléphone de l’intégralité de la traversée. J’ai pu adapter mes bivouac/cabanes en fonction de se que je voulais faire sur la journée, c’est un luxe d’avoir cette source d’info sur soi ! Les récits sont aussi très enrichissants et permettent de faire des choix sur les étapes, le matériel…
Mon alimentation / l'eau
Pour l’alimentation j’ai fait simple :
– Petit déjeuner : Fruits séchés (abricot ou figue ou raisin) ; Croissants (acheté par poche de 10 lors des ravitos) ; Lait concentré (pour le sucre) ; Thé ; Berrocca.
– Déjeuner : Saucisson ; Pain ou galette de mais ; Fromage ; Fruits séchés.
– Diner : Saucisson ; Semoule avec un sachet de soupe Royco ; Fromage / pain ou galette de mais ; Fruits séchés ; chocolat.
Et c’était tous les jours la même chose, sauf les soirs où j’ai mangé en refuge ou au restaurant car bivouac en camping, soit 8 fois au total.
On s’y fait vite, parfois on prend un petit truc qui change lors d’un ravito et on est refait !
J’ai acheté 3 ou 4 Lyophilisés sur la traversée, mais le prix est plutôt élevé d’où le petit nombre. De plus, ça fait du déchet en plus à trimballer… Mais ça peut être un choix pour certain, au même titre que la tente ou le « Tarp », je le comprends.
Pour l’eau, ce ne fût pas trop un problème pour en trouver même en fin d’été. J’avais une gourde de 750ml à portée de main pour boire à tout moment sans avoir à décharger le sac. Puis une « Vache à eau » (contenance 4L), et que je remplissais en fonction des besoins et surtout principalement en fin de journée avant le bivouac. Merci à GR10.fr pour les indications de présence d’eau ou non.
Mon quotidien
Comme toute activité que l’on exerce pendant plusieurs jours, des routines se mettent en place, comme au boulot ! Réveil à heure fixe ; « package » du sac ; pause café dans la matinée…
Mes journées commençaient par le réveil, qui coïncidait avec le lever du soleil. Je prenais le petit déjeuner en suivant et rangeai mes affaires et finissais par le démontage de la tente. Mes automatismes étaient dignes d’un robot industriel ou d’un zombie, au choix. Le petit déj était le moment pour se remémorer les indications à suivre pour l’étape du jour, préparée la veille au dîner.
Puis viens le grand moment du départ, on charge le sac (ça pique les 3 premiers jours, puis ça devient une seconde peau) et on attaque. Suivant la météo l’engouement est différent, au départ de Gavarnie sous la pluie se ne fût pas la même chose que le départ de la Cabane de Courtal Marty sous un ciel bleu après une chute de 15cm pendant la nuit qui donne la motivation de tirer jusqu’au refuge du Rulhe !
La pause café de 10/11h, en souvenir de celle que nous avions l’habitude de prendre avec les copains rencontrés sur le GR20.
Le déjeuner, je poussais toujours un maximum (13/14h), car ce fût souvent dur de repartir de cette pause de plus ou moins une heure. La pause déjeuner était le moment de refaire un point sur le lieu de bivouac du soir, ajustement en fonction de la météo du jour et du lendemain principalement.
Une fois la journée finie, comme tous les jours, c’est le grand déballage : tente, matelas, duvet, le dîner… Parfois précédé de quelques bières si j’étais à proximité d’un endroit où en trouver.
Puis avant de dormir un peu de lecture et de musique, histoire de faire des beaux rêves.
Certains jours cette routine fût mise au placard, avec les deux journées de pause, la visite des copains à Seix, l’arrêt chez les copains à Saillagouse, certaines rencontres faites en bivouac ou en refuge…
Mission accomplie
La traversée a été effectuée donc le premier objectif est atteint. Puis, malgré une certaine fatigue à l’arrivée de ces 45 jours j’en avais encore un peu « sous la pédale », donc satisfait de mon état physique en arrivant (Un bon second objectif). Aussi, j’ai réduit le temps de parcours prévu (55 jours) en effectuant la traversée en 45 jours, donc c’est aussi une satisfaction.
Les 3 / 4 jours après l’arrivée ont été les plus marqués physiquement, les courbatures sont apparues à ce moment là, une fois l’activité physique totalement arrêtée.
Enfin, le plus important des objectifs à était atteint, car j’ai pris du plaisir. je pense encore très souvent à cette traversée et j’en imagine certaines autres.
Point info
Eric CHAIGNEAU
animateur bénévole des Amis GRdistes.
assogr10@gmail.com
tel 06 83 61 48 49